vendredi 27 décembre 2019

Brouillon de figure

Jusqu'ici je n'ai été que le brouillon de moi-même, et sans doute ne suis-je encore que l'ébauche de ce que le brouillage total de mes traits me permettra d'atteindre.


lundi 23 décembre 2019

Point limite


"Là où est le danger, là surgit ce qui sauve"


(Holderlin)

dimanche 27 octobre 2019

Vice de naissance

Etre engendré dans un ventre maternel nous condamne à mort.


mardi 9 juillet 2019

Sens unique


"Parce que l'honnêteté perce à jour l'abjection...


Mais l'inverse n'est pas vrai."


(G. Anders, La haine)

                                                   

dimanche 30 juin 2019

A mon ami, l'unique


Quelques trente cinq ans après toi, je reprends ces lignes que tu avais inscrites au dos d'une photo :



" Quant a celui qui lésine, affecte de la suffisance
Et tient la plus grande profession de foi pour un mensonge
Nous le pousserons vers la plus grande gène
Sa fortune ne lui servira a rien
Quand il sera précipité dans l’abîme."
( Sourate XCII, La nuit)


Je sais désormais qu il me faudra mentir, cacher, trahir pour honorer ma profession de foi et demeurer le "cœur pur". Vérité, colère, justice ne me seront plus d'aucune aide. 

Je n'aurai aucun ami, à part toi, le ciel ne me sera d'aucun secours, je ne me laisserai divertir par aucune illusion, ni traverser par aucun affects autres que ceux censés servir ma cause. 

Car je retrouve là une cause, une origine et une fin, et tout mon corps se dresse en sa direction.

dimanche 9 juin 2019

Maudit espoir !






A lutter obstinément contre le désespoir, j'en oubliais de me prémunir contre un mal bien plus néfaste encore, plus perfidement dégradant : 

l'espoir !


Le desepoir nous tient, et nous retient, sur la brèche. 

L'espoir nous amollit et nous destine à la chute.

samedi 4 mai 2019

Rage dedans


Le combat ne sera pas porté sur la scène, il ne sera pas mené bruyamment, par de tapageuses et vaines confrontations.
Il  ne sera que discrète démission, et rappel à soi de toutes les forces vives...

lundi 11 février 2019

Double farce !


Cette semaine encore, j'ai dû me compromettre avec le monde et participer de ses ignobles farces.
Ce qui me déçoit le plus, c'est que je ne parviens plus à en rire. La scansion du rire ne peut plus me séparer de moi-même et m'arracher, l'espace d'un instant, à cette mascarade.
Tout se passe comme si mon désarroi, mon écoeurement, ma colère, mon incroyance n'étaient encore que des effets de scène, comme s'ils signaient, au fond, mon adhésion profonde, mes liaisons secrètes avec le monde.  L'esprit de sérieux avec lequel je m'échine à  le démasquer, le débusquer, en dénoncer la duplicité,  m'inscrit de fait dans ce décor, que je ne fais que refléter, réfléchir à l'envi. 

Cet esprit de sérieux confine bien sûr au grotesque. 

Alors pourquoi ne pas consentir à ce grotesque, pourquoi ne pas me résoudre à m'y abandonner vraiment, à m'en imprégner, m'en revêtir, m'en repaître même, pour coopérer, collaborer avec le monde à le pousser dans ses plus absurdes penchants ?

dimanche 10 février 2019

"Où ?"


Devant moi, je ne vois rien. Derrière moi, le monde s'est presque totalement effondré, laissant  la scène à quelques spectres qui continuent d'y agiter ridiculement leurs hochets. 

Rien à gauche, rien à droite. En bas, rien ; rien non plus en haut.
Je m'épuise à provoquer des commencements, à faire surgir l'espace, le lieu de mon déploiement. Et tandis que je persiste à me cogner contre le monde, dans l'éspoir d'y creuser mon empreinte,  et pour entretenir le simulacre de mon existence, je bute, à chaque assaut, contre une myriade de façades en carton. Je me réalise alors coincée dans l'obscur cagibi d'une vie obstinément vouée à produire les signes de sa présence, sans jamais pouvoir l'habiter.



dimanche 13 janvier 2019

Fenêtre sur le monde





Tu parles d'un coup pendable !


Pour un simple sang de navet,


Juste le dernier des couards.


La colère m'étrangle,


Mais je regarde au loin,


Encore quelques cadavres à franchir.


L'avenir me sourit !



mercredi 2 janvier 2019

Masque mortuaire


"Nul ne vit. Les hommes sont des hasards. 

C'est leur masque qui parle, leurs visages se taisent.

Chacun tente de s'arracher à soi comme à un cercueil qui le hait et le retient."


(R. M. Rilke)