samedi 7 octobre 2023

 Sans là-bàs


Je me lève parfois, en mesurant les pas
qui tracent derrière moi la ligne d'un combat
que je voudrais cassant, m'arrachant aux débats,
domptant les entrelacs, où s'affadit la voix.
La ligne dessinée me paraît assurée,
les revers écrasés consistent sous mes pieds,
le vivant aligné est comme désamorcé,
alors je crois marcher vers un lieu destiné.

Et puis je m'aperçois, en regardant deux fois,
que la voie parcourue n'est que trop bien connue,
que rien n'est entrevu qui n'était déjà su
qu'aucun déplacement n'est en somme advenu.
Tous ces points enfilés sont les mêmes revenus,
tandis qu'un écran plat m'offre panorama,
et  qu'en guise d'horizon, je me cogne aux néons.
Dans un piètinement, j'ai crû tracer sillon
mais à tourner en rond je devais mon aplomb.

Désormais je ne perçois nul tintement de voix
nul appel, au loin, n'ordonne mon canevas
et je n'entends plus rien que l'écho de mes pas
qui forcent le silence, sonnant avec fracas
sans qu'aucune symphonie ne résonne là-bàs.