lundi 11 février 2019

Double farce !


Cette semaine encore, j'ai dû me compromettre avec le monde et participer de ses ignobles farces.
Ce qui me déçoit le plus, c'est que je ne parviens plus à en rire. La scansion du rire ne peut plus me séparer de moi-même et m'arracher, l'espace d'un instant, à cette mascarade.
Tout se passe comme si mon désarroi, mon écoeurement, ma colère, mon incroyance n'étaient encore que des effets de scène, comme s'ils signaient, au fond, mon adhésion profonde, mes liaisons secrètes avec le monde.  L'esprit de sérieux avec lequel je m'échine à  le démasquer, le débusquer, en dénoncer la duplicité,  m'inscrit de fait dans ce décor, que je ne fais que refléter, réfléchir à l'envi. 

Cet esprit de sérieux confine bien sûr au grotesque. 

Alors pourquoi ne pas consentir à ce grotesque, pourquoi ne pas me résoudre à m'y abandonner vraiment, à m'en imprégner, m'en revêtir, m'en repaître même, pour coopérer, collaborer avec le monde à le pousser dans ses plus absurdes penchants ?

dimanche 10 février 2019

"Où ?"


Devant moi, je ne vois rien. Derrière moi, le monde s'est presque totalement effondré, laissant  la scène à quelques spectres qui continuent d'y agiter ridiculement leurs hochets. 

Rien à gauche, rien à droite. En bas, rien ; rien non plus en haut.
Je m'épuise à provoquer des commencements, à faire surgir l'espace, le lieu de mon déploiement. Et tandis que je persiste à me cogner contre le monde, dans l'éspoir d'y creuser mon empreinte,  et pour entretenir le simulacre de mon existence, je bute, à chaque assaut, contre une myriade de façades en carton. Je me réalise alors coincée dans l'obscur cagibi d'une vie obstinément vouée à produire les signes de sa présence, sans jamais pouvoir l'habiter.