mercredi 30 décembre 2020

 Silence vivant...

" En effet, lorsque mon désespoir me dit : Perds confiance, car chaque jour n'est qu'une trêve entre deux nuits, la fausse consolation me crie : Espère, car chaque nuit n'est qu'une trêve entre deux jours [...]


Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n'est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l'obscurité et les jours par les nuits, c'est un voyage imprévisible entre des lieux qui n'existent pas [...]


Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes
le jour où je n'aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité,
car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant ".
 

(Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier)

jeudi 19 novembre 2020

Lasse de pique : le rebut du rébus 





Les couleuvres que l'on avale goulûment
Nous sortent violemment par les yeux

Qui tente de nous tirer les vers du nez
N'attrape que langue d'Aspic


Langue d'Aspic,

As de pique, 

pic à glace, 

lasse de piques... 


 Ours'Un


samedi 31 octobre 2020

Personne ...


Personne ne te connaît
et quand tu meurs,
ils se glissent dans les manteaux,
pour t'ensevelir.


N'oublie jamais ça !


Personne n'a besoin de toi
et quand tu meurs,
ils battent le tambour
et tiennent leur langue.


N'oublie jamais ça !


Personne ne t'aime
et quand tu meurs,
ils enfoncent ton mal du pays
et le rentrent dans la terre.


N'oublie jamais ça !


Personne ne te tue,
mais quand tu meurs,
ils te crachent dans ta chope de bière
et tu dois payer.


Thomas Bernhard (Sur la terre comme en Enfer)

Tentacules !

Ou quand les temps t'acculent...


mardi 18 août 2020


Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit

 

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
rien de ce tourment qui m’épuisait
comme la poésie qui portait mon âme,
rien de ces mille crépuscules, de ces mille miroirs
qui me précipiteront dans l’abîme.

 

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
que j’ai dû traverser à gué comme le fleuve
dont les âmes sont étranglées depuis longtemps par les mers,
et tu ne sais rien de cette formule magique
que notre Lune m’a révélée entre les branches mortes
comme un fruit du printemps.

 

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
qui me chassait à travers les tombeaux de mon père,
qui me chassait à travers les forêts plus grandes que la terre,
qui m’apprenait à voir des soleils se lever et se coucher
dans les ténèbres malades de ma tâche journalière.

 

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
du trouble qui tourmentait le mortier,
rien de Shakespeare et du crâne brillant
qui, comme la pierre, portait des cendres par millions,
qui roulait jusqu’aux blanches côtes,
au-delà de la guerre et de la pourriture avec des éclats de rire.

 

Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
car ton sommeil passait par les troncs fatigués
de cet automne, par le vent qui lavait tes pieds comme la neige.


Thomas Bernhard (Sur la terre comme en Enfer)

jeudi 16 juillet 2020

Contre-pied


" Ces bandits, les dieux, ne gagneront pas entièrement la partie - son idée était que les dieux, qui ne perdaient pas une occasion de meurtrir, contrecarrer, gâcher les vies humaines, étaient pris à contre-pied si, malgré tout, vous vous conduisiez avec classe."


(V. Woolf, Mrs Dalloway)

dimanche 12 avril 2020


Commençant, comme en sang...


"Si l'ange daigne venir, ce sera parce que vous l'aurez convaincu, 

non par vos larmes 

mais par votre humble résolution à toujours commencer, 

à être un commençant."


(Rainer Maria Rilke)

samedi 11 avril 2020

The mask 



Mais comment pourront-ils encore ajouter un masque aux masques ?
Ce masque-là les dévoile comme monstres en puissance
Appliquons, à jamais, les mesures de distanciation qui s'imposent !

M'éprouver...


"Pour que je me sois perdue, 
il aurait fallu que je fusse sûre de n'avoir plus besoin de moi."


(M. Sauvageot, "Laissez moi")

jeudi 27 février 2020

Sillon sonore


J'entends au loin, vaguement, 

tinter la glorieuse cloche de ces menues victoires

qui ont bâti pour moi la motte dérisoire 

d'où  je m'efforce encore, 

difficultueusement,

de m'arc-bouter. 

Ridicules combats, minuscules éclats.

Le son des camouflets 

retentit bruyamment

et c'est dans son écho 

que se module alors, 

imperceptiblement,

l'intonation criante de ma voix déchirée. 

Cassant temps
(Qu'à cent ans, le cas s'entend)


Qu'attendre ?
De ce qu'à tendre
Vers l'Un-fini réjoui
Me voilà reconduit
A ce qu'à (l'ex) cendres
Rien ne se produit
Que l'alangui cas tendre
Où tout redevient nuit

lundi 27 janvier 2020

Joue ta vie


Ne perds pas ta vie à poursuivre la vérité

Contente-toi de la jouer...