lundi 20 août 2018


Crime inavoué



Tout semble les bousculer, presque les affecter,
mais rien ne les dérange, véritablement.
Assignés à demeurer, 

non conscients d’être rivés 

au si lourd collier des plates vérités 

qu’ils tentent de masquer sous le spécieux prétexte 

de leurs tâtonnements.

Que de doutes apparents, et d’humilité feinte 

pour tenter d’occulter l'exquise commodité 

de leur inqualifiable désengagement.

Confinés, dans l’exigu carcan des motifs en carton

jamais ils n’outrepassent les trop proches con-fins 

de leur indécrottable subordination ;
voués à se repaître de triviales opinions
dont ils se parent, se vêtent, jusqu’à sembler lestés
du tranquillisant poids de la normalité.
Ainsi peuvent-ils en force, en toute impunité
torpiller tout élan, déjouer à chaque instant,
tout risque d’émergence du féroce vivant.


mercredi 25 juillet 2018

Anti-vautour


Pas même un charognard, pas même un existant 

qui s'abreuve et s'enivre 

au festin des dépouilles.


Tout juste ce cadavre,

qui se sustente des vivants,

l'Anti-vautour,  le vrai connard.


Définitivement, 

l'anti-vautour ne vaut pas le détour


LVRACONNARD


Crime imparfait !


Me voilà assise là, 

parmi eux,

Dépitée, décentrée, déportée de moi-même.

J'essaie de reproduire les gestes,

de simuler les rictus,

les sourires,

de mimer les grimaces,

de dire les mots, les mots des autres...

Pourtant j'échoue encore à m'effacer totalement,

j'y suis, malgré moi,

emportée par mes detestations,

mes indignations,

mes  inadéquations

Le meurtre demeure imparfait,

et je reste là,

empêtrée de mon être !

A l'abri dans "le palais de cristal"...


Qu'ils se repaissent de mes blessures...

de toutes les blessures 

étrangères.

Qu'ils se rassurent, ils sont heureux, oui, tellement heureux, 

bienheureux...

Qu'ils savourent enfin leur privilège, 

le bonheur d'être morts, 

protégés,

exemptés d'une existence !

jeudi 24 mai 2018

Volte face, en pleine face





" Longtemps nous ne voyons qu'un côté d'une personne parce que, par instinct de conservation, nous ne voulons pas du tout voir l'autre côté, pensai-je, 

jusqu'au moment où, subitement, nous voyons tous les côtés de cette personne 

et alors, nous sommes écœuré, pensai-je"


(Th Bernhard, Des arbres à abattre)

dimanche 22 avril 2018

Décomplexé !


"Quand il y a tant de bêtise
avoir peur est pervers mon enfant"



(Th Bernhard, Les apparences sont trompeuses)

samedi 21 avril 2018

Amour infini...


"L'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches"


(L.F. Céline)

jeudi 22 mars 2018

Accord discordant



" La seule façon de nous trouver en accord avec la vie, 

c'est d'être en désaccord avec nous-mêmes."


F. Pessoa (Le livre de l'intranquillité)

Sur le droit chemin ...


Rejoindre le chemin qui se dessine au fil de mes pas 

et que je défriche et déchiffre en marchant. 

Ressaisir le sens de ce qui se trouve sans être cherché, 

ce dont la recherche même annule la trouvaille. 

Consentir à ce qui vient, 

qui n'est pas le tout venant 

mais ce qui vient à ma rencontre, 

me débusque et me fait émerger à moi-même 

dans un tranquille étonnement.

lundi 12 mars 2018

Écorchés vifs...



"Le mensonge allonge les oreilles, la vérité les écorche"



(Proverbe corse)

vendredi 9 mars 2018


L'heure du crime... 


"L'heure est peut-être venue pour moi 
de faire l'unique effort de regarder ma vie. 
Je me vois au milieu d'un désert immense. 
Je surgis de ce que je fus hier intensément, 
j'essaie de m'expliquer à moi-même 
comment je suis arrivé là où je suis." 



(Pessoa, le livre de l'intranquillité)

lundi 5 mars 2018

dimanche 18 février 2018

Les trois sœurs : l'étroit serre !


Hier soir : "les 3 sœurs" de Tchéchov servie par Simon Stone... De quoi vomir son époque. Contemporanéisation de tout, aplatissement, survisibilisation du quotidien sans aucune césure, beaucoup d'agitation, de bruits, ambiance de fête foraine !


L'imposture de la vie oui, de l'amour, la trahison des rêves, la tragédie de l'existence, sans doute... mais aucune déchirure, aucune ouverture où venir loger son humanité profonde, a-temporelle, dégagée des carcans imaginaires et idéologiques, des poncifs du présent...Oubli de la césure, oubli de la présence. Un présent omniprésent qui s'érige contre la présence libre de tout présent !

dimanche 7 janvier 2018

Artiste-traître ; triste-maître ; sinistre-être

 

"Exprimer contre un conjuré le fâcheux soupçon qu'il ne vous trahisse 

- et cela dans le moment même où l'on commet soi-même une trahison - 

c'est un chef-d’œuvre de malice, parce qu'on occupe l'autre de sa personne et le force 

de tenir lui-même, pendant un temps, une conduite exempte de soupçons et ouverte, 

si bien que le véritable traître s'est rendu les mains libres."

 

(Nietzsche, Humain, trop humain)

Nombrilisme

 

 

 

" Deux personnes dont la vanité est également grande, se rencontrant, conservent par la suite une mauvaise impression l'une de l'autre, parce que chacune était si occupée de l'impression qu'elle voulait produire sur l'autre que cette autre ne faisait aucune impression sur elle ; toutes deux s'aperçoivent enfin que leur peine est perdue et en imputent la faute à l'autre "


(Nietzsche, Humain, trop humain)

dimanche 31 décembre 2017

Par monts et par vaux









"On peut douter qu'un grand voyageur ait trouvé quelque part dans le monde
des sites plus laids que dans la face humaine"

(Nietzsche, Humain, trop humain)

dimanche 10 décembre 2017

Au cœur de la vérité...

 

 

Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable

(Boileau)

samedi 9 décembre 2017

Inestimable solitude



 



"On ne peut être vraiment soi qu’aussi longtemps qu’on est seul ; qui n’aime donc pas la solitude n’aime pas la liberté, car on n’est libre qu’étant seul. Toute société a pour compagne inséparable la contrainte et réclame des sacrifices qui coûtent d’autant plus cher que la propre individualité est plus marquante. Par conséquent, chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi. Car c’est là que le mesquin sent toute sa mesquinerie et le grand esprit toute sa grandeur ; bref, chacun s’y pèse à sa vraie valeur".

 

(Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

 

 

lundi 4 décembre 2017

Décadence

 

" Ainsi donc, ne sachant pas croire en Dieu, et ne pouvant pas croire en une simple somme d'animaux, je restai, comme d'autres situés en lisière des foules, à cette distance de tout que l'on appelle communément Décadence. La Décadence, c'est la perte totale de l'inconscience ; car l'inconscience est le fondement de la vie. S'il pouvait penser, le cœur s'arrêterait."

 

(F. Pessoa, Le livre de l’intranquillité)


dimanche 3 décembre 2017

Inébranlable volonté

 

" Après tout, il n'existe que des tentatives échouées. Si nous avons au moins la volonté d'aller jusqu'à l'échec, nous pouvons aller de l'avant, et, pour chaque chose et en tout, nous devons avoir chaque fois au moins la volonté d'aller jusqu'à l'échec, si nous ne voulons pas sombrer tout de suite, et ce n'est tout de même pas pour ça que nous sommes là"

 

(Th. Bernhard, Oui)

 

 

 


Observation et détestation


" Un être qui perçoit tout et qui voit tout et qui observe tout, et cela sans interruption, n'est pas aimé, il est plutôt craint, et les gens se tiennent d'emblée sur leurs gardes en sa présence, car un tel être est un être dangereux et les êtres dangereux sont non seulement craints mais détestés, et, en ce sens, je peux me définir comme un être détesté."

 

  (T. Bernhard, Oui)

 

 

 


mardi 15 août 2017

La lutte

" Lutter seule, apprendre, dans cette lutte, à connaître par quelle profonde justice les plus grandes forces adverses, au moment où elles nous déchirent, nous consolent et nous relèvent, c'est là ce qu'il lui fallait faire."


(Blanchot, L'arrêt de mort)

Respiration


"... il y a un temps pour apprendre, 

un temps pour ignorer, 

un temps pour comprendre, 

un autre pour oublier".


(Blanchot, L'arrêt de mort)

dimanche 13 août 2017

Hiatus

" Moins. Moins vu. Moins de vision. Moins vu et de vision lorsqu'avec mots que sans. Lorsque tant mal que pis que lorsque plus mèche. Par les mots les écarquillés obscurcis. Les ombres obscurcies. Le vide obscurci. La pénombre obscurcie. Tout là comme lorsque sans mots. Comme lorsque plus mèche. Mais tout obscurci. Jusqu'au hiatus encore. Plus de mots encore. Plus mèche encore. Puis tout désobscurci. Les écarquillés désobscurcies. Que les mots avaient obscurcis."


(Beckett, Cap au pire)



Silence

" Le silence c'est là notre force. 

Un de nos ancêtres a dû être bien seul 

- un grand homme entouré d’imbéciles ou un malheureux fou - 

pour enseigner aux siens un silence si grand."


(Pavese, Les mers du Sud)






"Avoir perdu le silence, le regret que j'en éprouve est sans mesure. 

Je ne puis dire quel malheur envahit l'homme qui une fois a pris la parole."


(Blanchot, L'arrêt de mort)






"Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être 

que ce qui n'a pas encore été dit. 

On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, 

une fois pur toutes, 

alors enfin on fera silence et on n'aura plus peur de se taire. 

Ça y sera." 


(Céline, Voyage au bout de la nuit)


Des failles

"Ton absence est un vide que ta présence ne peut remplir.

Ton absence est un mal que ta présence ne peut guérir.

Mon âme a soif de Toi, ma chair ausi languit après toi

dans une terre aride et qui défaille par manque d'eau"


(Koestler, Les hommes ont soif)


samedi 12 août 2017

En-corps un effort...

"Tout jadis. Jamais rien d'autre. 

D'essayé. De raté. N'importe. Essayer encore. 

Rater encore. Rater mieux."

 

(Beckett, Cap au pire)

Gerbe...


Agonie

 



"J'errerai dans les rues jusqu'à l'épuisement,    

je saurai vivre seule et fixer dans les yeux

les visages qui passent tout en restant la même.

Cette fraîcheur qui monte et qui cherche mes veines

est un éveil que jamais du matin je n'aurais ressenti

si réel : seulement, je me sens plus forte que mon corps, et un frisson plus froid accompagne le matin."


(Pavese, "Agonie")